~Le blog des anciens Bérets Bleus~
Retrace l'activité des Vieilles Tiges ALAT - Aviation Légère de l'Armée de Terre - durant les 5 dernières décennies,
au travers de pages dédiées à chaque unité, aux aéronefs, aux actualités et activités aéronautiques.
Règles de l'Association officielle des Vieilles Tiges (fondée en 1922):
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mardi 12 août 2008

Le coin des écrivains et poètes - Textes pour aviateurs

RECITS - HYMNES - POÈMES - CITATION

AERONAUTIQUES


*
Les chants de l'ALAT

* Chant de Marche

Lien musique:
http://musique-militaire.fr/Chant_de_l_ALAT_2.html
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- Les Paroles :

Au sein de notre armée de Terre
il y a aussi des Aviateurs
qui volent sur helicoptères
en berret bleu ciel de couleur
Pendant la dernière guerre
sur les fronts de l'Italie
les gars de l'ALOA réglèrent
les tirs de notre Artillerie
***
C'est nous les cavaliers de l'espace
l'ALAT n'a pas plus de 50 ans
le bipeur du ciel et de la chasse
celle du commandement
parmis le rugissement des pales
nos soldats se ruaient à l'assaut
tandis que grenades et rafales
encadraient nos helicos
***
Maintenant il n'y a plus de guerre
et nous devons la préparer
plus que jamais l'helicoptère
aura son role à y jouer
avec canons et missiles
ou bien troupes embarquées
les moyens aéromobiles
seront prets à contre-attaquer
***
En attendant déguisez nos ailes
les nations les peuples accablés
voient venir les pumas les gazelles
leur livrer des sacs de blè
c'est nous les cavaliers de l'espace
l'ALAT n'a pas plus de 50 ans
le bipeur du ciel et de la chasse
celle du commandement
* * *
* L'Azur de nos bérets
- Les Paroles :
Mécaniciens, pilotes, dans un semblable élan,
Inspectent poussent et sortent, sur leurs emplacements,
Les hélicos radieux et embarquent résolus,
A remplir audacieux, la mission attendue.
***
Refrain:
Secourir, appuyer, en toutes circonstances,
Equipages de l'ALAT, au service de la France,
Sur les têtes alignées, évoquant son appel,
L'azur de nos bérets, nous dévoile le ciel.
Ô Sainte Clotilde, du péril garde-nous,
Demeure notre guide, du trépas défends-nous.
***
La turbine assoupie, lentement se réveille,
Puis rugit vibre et crie, ébranlant l'appareil,
Instruments et radios, savamment contrôlés,
Un geste du mécano, il s'éloigne tout est prêt.
***
Les visières abaissées, corps sanglés aux machines,
Tous les soldats sont prêts, et n'attendent qu'un signe,
Contrôleurs et pompiers, attentifs et sereins,
La piste est dégagée, de la tour l'ordre vient.
***
La puissance est donnée, et s'arrachant du sol,
La patrouille formée, prend fière son envol,
Émergeant des nuées, dans un fracas strident,
Equipages au complet, sillonnent le firmament.
Paroles et musique : Lieutenant A. FAIVRE
(source chant : "L'azur de nos bérets" - Site UNA-ALAT)
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ODES
*
"Aux héros de la voltige"
*
J'entends sous les ailes étoilées de monAéroplane
Siffler les vipères
Dans les rafales des vents de l'orage
Claquer dans l'écho des coups de tonnerre
Le marteau du sang dans mes veines
Et le fléau de ma colèrePiquer des loopings
Des vrilles et des chandelles
Rouler des tonneaux dans le manteau du ciel
* * *
Je vois sur les écrans radars
La foudre lancer des éclairs
A l'assaut des miradors
Du chaos
Et sur ma radio de bord
J'entends hurler les sirènes
Des tours de l'aéroport
Hé Jack!
Sors de ton nuage
Redescends sur terre
Reste pas planté sur l'aire
De décollage
* * *
Gloire aux héros
De la voltige
Aux enchanteurs
Qui font valser leurs planeurs
Dans l'onde invisible
Des colonnes d'air
Par où les voiliers du ciel
S'enivrent
D'immensité et de profondeur
Sans avoir peur
De se brûler les ailes
Au flambeau du Soleil
* * *
J'entends dans le fracas des décharges électriques aériennes
Battre les tambours
De l'amour et de la haine
Rouler dans le sexe des volcans
Les flots de bave incendiaire
Et les torrents de lave
Du magma
Fracasser la terre
Incendier les nuages
Tordre les barrières et les barreaux des cages
J'entends la voix des sirènes
Hurler du haut de la tour de contrôle
Reste pas planter sur l'aire
De décollage
* * *
Gloire aux héros de la voltige
Des enchanteurs
Qui font valser leurs planeurs
Sur les vagues invisibles
Des colonnes d'air
Où les voiliers du ciel
S'enivrent d'éternité
Sans avoir peur
De se brûler les ailes
Au flambeau du simple ciel
* * *
Aux héros de la voltige
Qui n'ont pas peur
De se brûler
Les ailes
Cours, décolle... envole toi ...
* * *
A la vitesse où tu vas
Qui pourrait te rattraper...
(Auteur: Jacques Higelin)
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Poésies
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"L'avion ! L'avion ! qu'il monte dans les airs
Qu'il plane sur les monts, qu'il traverse les mers
Qu'il aille regarder le soleil comme Icare
Et que plus loin encore un avion s'égare
Et trace dans l'éther un éternel sillon
Mais gardons lui le nom suave d'avion
Car du magique mot les cinq lettres habiles
Eurent cette vertu d'ouvrir les ciels mobiles."
(Auteur: Guillaume Apollinaire)
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Citations
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"Une fois que vous aurez goûté au vol, vous marcherez à jamais les yeux tournés vers le ciel, car c'est là que vous êtes allés, et c'est là que toujours vous désirerez ardemment retourner."
(Auteur: Léonard De Vinci)
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"On fait un travail d'homme et l'on connaît des soucis d'homme. On est en contact avec le vent, avec les étoiles, avec la nuit, avec le sable, avec la mer. On ruse avec les forces naturelles. On attend l'aube comme le jardinier attend le printemps. On attend l'escale comme une terre promise, et l'on cherche sa vérité dans les étoiles"
(Auteur: Antoine de Saint-Exupéry)
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"Un bel avion est un avion qui vole bien."
(Auteur: Marcel Dassault)
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"Inventer un avion n'est rien. Le construire est un début. Voler c'est tout."
(Auteur: Otto Lilienthal)
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"Le désir du vol est une idée qui nous vient de nos ancêtres, lesquels, aux temps préhistoriques, dans leurs épuisants voyages au travers des terres sans traces, regardaient avec envie les oiseaux planer librement à travers l'azur, à pleine vitesse, au-dessus de tout obstacle, sur la route infinie du ciel"
(Auteur: Wilbur Wright)
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"Optimiste et pessimiste sont également nécessaires à la société, l'optimiste invente l'avion, le pessimiste invente le parachute."
(Auteur: Anonyme)
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"Dans un avion moderne, vous savez que vous volez plus vite que le son lorsque l'hôtesse vous lance une gifle avant que vous n'ayez ouvert la bouche pour lui débiter quelques gauloiseries."
(Auteur : Anonyme)
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"Le moteur est le coeur d'un avion, mais le pilote est son âme"
(Auteur: Walter Alexandre Raleigh)
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"Les machines volantes plus lourdes que l'air sont impossibles"
(Auteur: Lord Kelvin 1895)
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"Si tous les cons volaient, il ferait nuit noire"
(Auteur: Frédéric Dard)
*"L'ennemi est con, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui."
(Auteur: Pierre Desproges)
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"Il ne faut pas désespérer des imbéciles, avec un peu d'entrainement on en fait des militaires"
(Auteur: Pierre Desproges)
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"Si haut qu'on monte dans la vie, on finit toujours par des cendres..."
(Auteur: Henri Rochefort)
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"On peut défier le ciel, mais il ne faut pas se moquer de lui"
(Auteur: J-M Saget)
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"Chez nous, les pilotes sont dans dans le ciel et les anges gardiens au sol."
(Auteur: La Bible de l'Aviateur)
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"Avec l'avion, nous avons appris la ligne droite"
(Auteur: Antoine de Saint-Exupéry)
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"Dans quelques années, les avions seront pilotés par un commandant et un chien. Le travail du chien sera de surveiller les boutons pour que le pilote ne touche à rien."
(Auteur: Scott Adams)
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"Un voyage en avion : quelques heures d'ennui coupées de quelques minutes de trouille intense"
(Auteur: Al Boliska)
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"On n'éprouve jamais que deux émotions en avion : l'ennui et la peur."
(Auteur: Orson Welles)
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"Un pilote qui affirme qu'il n'a jamais peur en avion est un menteur."
(Auteur: Louise Thaden)
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"Parfois, lorsque je suis en avion au-dessus des Alpes, je me dis : ça ressemble à toute la cocaïne que j'ai sniffée."
(Auteur: Elton John)
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"Un avion symbolise la liberté, la joie, la possibilité de comprendre. Ces symboles sont éternels."
(Auteur: Richard Bach)
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"Les voyageurs sont toujours des découvreurs, particulièrement ceux qui voyagent en avion. Dans le ciel on ne trouve pas de panneaux indicateurs signalant les passages précédents."
(Auteur: Anne Morrow Lindbergh)
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"Les courses d'avions ne demandent pas nécessairement beaucoup de courage mais une certaine folie et un total mépris de sa propre vie."
(Auteur: Mary Welles)
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"Tout le monde sait qu'un atterrissage réussi est celui auquel vous survivez. Mais peu savent qu'un bon atterrissage est celui où vous pouvez réutiliser l'avion."
(Auteur: Anonyme)
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"Le mariage, c'est deux billets d'avion aller seulement, vers une île inconnue. On en revient à la nage ou jamais."
(Auteur: Félix Leclerc)
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"La société dans laquelle on est ressemble à une espèce d'avion de ligne où tous les voyants seraient au rouge dans le cockpit et qu'à l'arrière on continue soit à boire le champagne soit éventuellement à se quereller."
(Auteur: Nicolas Hulot)
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Récits
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Manoeuvres nocturnes louches
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ça s'est passé en 1962 sur le terrain de Muret-Lherm - 31 (LFBR)
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Récit de l'équipée de Jacques Darolles "l'Aviateur paysan" devenu CDB à Air France (article publié en Mars 2009)
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L'Eurocoupe L'Ercoupe 415 c'est, en 1962, un bel avion. Un avion superbe. Biplace. Métallique. Confortable. Equipé. 75 cv, la radio, et tout et tout.
C'est en plus un avion qui a la particularité d'avoir les commandes conjuguées, le volant actionnant simultanément les ailerons et la direction, sans que l'on ait à toucher au palonnier.
Le rêve pour quatre pilotes muretains, qui viennent de débusquer l'oiseau rare à vendre dans un hangar de Toulouse Lasbordes.
Ils sont prêts à mettre la main à la poche, et à ramener l'avion à Muret, le vendeur est d'accord sur le prix. Il n'y a qu'un seul hic. A Muret, le président du club refuse absolument d'accueillir cet avion dans l'unique hangar du terrain, où il a d'autres projets.
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Mais qu'importe, notre quatuor tient à acheter cet avion, qui est une occasion exceptionnelle. Jacques est d'ailleurs prêt à abandonner la construction du Jodel qu'il a entreprise, et vendre sa part pour se consacrer à l'Ercoupe.
Alors, un beau soir, malgré l'interdiction présidentielle, l'Ercoupe se pose en catimini sur le terrain de Muret.
Jacques et ses trois copains ont soigneusement préparé leur coup : Cet avion va disparaître sitôt arrivé. La caisse à clous est là, sur l'Ercoupe, les ailes se démontent assez facilement, et hop ! au boulot !
En quelques minutes, voilà le F-BDPQ sans ailes. Les ailes sont soigneusement rangées au fond du hangar.
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Et maintenant, convoyage routier !
Moteur démarré, l'Ercoupe taxie jusque sur la petite route, escorté de deux voitures, et voilà, à la nuit tombante, cette étrange machine lancée sur la Départementale 43b, puis sur le Départementale 15, on n'oublie pas de s'arrêter au stop. (Aujourd’hui, il y a un rond-point, ça serait encore plus drôle). Le voisinage ne remarque même pas le bruit du 75 cv à hélice, à une époque où les routes sont fréquentées par des 4CV et des 203. Comme une bagnole, je vous dis ! Même pas besoin du palonnier. Les gaz, le volant, et roule ma poule.
On approche de Seysses.
La maison de Jacques est là, à gauche, au bord de la route. Les deux voitures mettent le cligno. L'Ercoupe fait comme il peut. Hop, petit coup de volant, le voilà rentré dans le jardin. Puis dans le garage. Terminus.
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L'appareil est à destination, mais la caisse à clous va encore servir...
6h00 du matin, le lendemain.
Les gendarmes sonnent au portail. Le président, alerté par quelque taupe, a hélé la maréchaussée.
" Bonjour, vous avez un avion, ici ?"
- Ben un avion... j'ai des pièces d'avion, oui.
"Regardez, j'ai un fuselage ici, le moteur est dans l'atelier de derrière, l'hélice est là-haut sur l'étagère, et les ailes..., elles sont dans le hangar à Muret. Alors vous voyez, c'est pas demain qu'il revole."
Les gendarmes repartirent comme ils étaient venus, persuadés d'avoir affaire à une pure crise d'ego présidentiel.
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Le F-BDPQ revint plus tard sur le terrain, et vola quelques années avant d'être vendu à Luchon.
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Les manoeuvres louches, il y en eut encore de nombreuses, diurnes et nocturnes.
Pour illustrer un peu, j'ai joint une photo de l'époque, où l'on voit, sur le terrain de Muret, l'Ercoupe avec les ailes démontées. (ce n'est pas ce jour-là).
Le principal protagoniste Jacques est visible sur la photo (à droite, cigarette). De toute façon, il y a prescription, ce mois-ci, il y a dix ans qu'il nous a quittés.
Les trois autres personnages sur le cliché sont étrangers à cette histoire. Mais deux des protagonistes sont encore vivants, et quarante sept ans après, ils en rigolent encore. Comme a bien rigolé le gars de la DGAC à qui j'ai conté cette histoire vraie aujourd'hui.
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Jacques Darolles
Aviateur paysan
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D'AIR FRANCE à l’ALAT
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Un parcours particulièrement atypique puisque la généralité est plus souvent inverse...
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ça se passe début 2008 à l'ESALAT de DAX - 40
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Témoignage du SLT Eryk MARGUERITTE:
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" Un homme est né"
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Diplômé de l’École nationale de l’aviation civile (ENAC) de Toulouse, Eryk Margueritte quitte en 2007 la Compagnie Air France où il sert sur Airbus A320 comme officier pilote de ligne, totalisant déjà 2500 heures de vol, pour rejoindre l’armée de terre.
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C’est après un détachement auprès des Opérations aéroportées des Nations Unies qu’il décide de franchir le pas et de présenter sa candidature au recrutement OSC/E de l’Armée de terre, spécialité pilote ALAT.
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Ayant satisfait aux sélections ALAT, il quitte alors Air France et arrive à Dax, début 2008, pour y suivre le cursus de formation d’officier pilote d’hélicoptère de l’École d’application de l’aviation légère de l’Armée de terre.
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Un homme est né
Des AIRBUS d’AIR FRANCE
aux GAZELLE de l’ALAT…
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J’ai eu une chance inouïe : celle de réaliser un rêve d’enfant.
J’ai découvert à mon jeune age l’avion, les uniformes taillés par des grands couturiers, des hôtels qui pour moi étaient restreints aux brochures des agents de voyages.
J’ai découvert le voyage permanent, des escales qui entretenaient toutes leur part de magie.
J’ai découvert la vie aisée, sans souci du lendemain.
J’ai dû transporter un demi-million de personnes, sans même transpirer une goutte de sueur.
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Ce système avait à n’en point douter tous les attributs d’une utopie :
Représentation d’un monde idéal et sans défauts.
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Mais l’utopie est pernicieuse, elle berce ses hôtes dans de fausses illusions.
Le monde n’est pas idéal – il est un concentré de défauts.
Dès lors, peut-on, a-t-on le droit, de rester à l’abri d’un monde fictif ?
Peut-on transporter un demi-million de personnes sans jamais parler à l’une d’entre elles ?
A-t-on le droit d’utiliser l’avion en tant que fin, et non plus en tant que moyen ?
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Petit à petit, on prend conscience du système qui nous berce.
Nos seuls soucis sont le temps, le vent de face, le kérosène et les bagages qui sont restés au sol. 10 minutes de retard, 70 correspondances manquées, 70 000 euros de manque à gagner.
Sans compter les bagages. Et ce satané contrôle aérien, qui nous oblige à réduire à 280 noeuds à 250 nautiques de la destination.
Alors on se laisse entraîner. Le retard, les correspondances, les bagages, maintenir une vitesse élevée – telles deviennent nos préoccupations d’homme.
Quelle tristesse.
On se retrouve technicien de l’avion. Cet avion, qui n’est plus un moyen.
Cet avion, qui est devenu une fin.
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Le Darfour : 2 millions de morts. L’Afghanistan : terrorisme, opium et oppression. Madrid, le 11 septembre, Londres, Bali et bien d’autres encore.
Presque la moitié de l’humanité vit sous le seuil de pauvreté. 1,4 milliard de personnes vit avec moins de 2 dollars par jour. 2 dollars. 2 secondes de kérosène.
Il ne s’agit pas là d’idéalisme ou de rêverie. Il s’agit d’indécence. Il s’agit de responsabilité. Je n’avais plus le droit de me laisser entraîner par le système.
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La prise de conscience fut progressive. Je me suis engagé à servir dans la réserve du 7e
BCA, j’ai demandé à partir en détachement à l’ONU. J’ai cherché à me rendre utile, à
cette modeste échelle qu’est l’individu. Puis, de fil en aiguille, je me suis senti revivre.
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Le travail ainsi accompli avait un but, une fin – il avait une utilité autre que celle, obscure et hypothétique, de satisfaire des actionnaires. Il me permettait de participer à ce monde
qui m’entourait, et dont j’avais été exclu depuis trop longtemps.
Cet engagement, on peut le vivre d’innombrables façons. On peut faire de la politique, de l’humanitaire ou du social.
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Moi, il n’y avait qu’un seul miroir où mon âme et mon esprit trouvaient leur reflet :
l’Armée.
Et de toutes les Armées, ma passion aspirait vers celle dont l’engagement était
le plus total, le plus palpable.
Vers celle qui, les « boots on the ground », comme aiment dire les Anglo-Saxons, va directement au contact. Contact de l’ennemi, certes, mais aussi contact du pauvre et de l’opprimé. Contact des valeurs et par-dessus tout, contact des Hommes.
L’Armée de terre.
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Me voilà donc, au détour de quelques rencontres fortuites, en train d’envoyer une
timide candidature au CIRAT.
Timide, car j’étais conscient que l’institution était réticente à l’égard des vocations tardives.
Timide, car je n’étais pas particulièrement fier du temps qu’avait nécessité ma prise de conscience.
Timide, car j’espérais avoir le privilège de mettre ma première vie au service de la deuxième.
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Mes capacités de comptable du vent, du kérosène et des milles nautiques pourraient-elles enfin servir une fin responsable, et non plus une fictive cotation boursière ?
L’Institution m’offrirait-elle l’inestimable luxe de servir, parmi les armes de « contact », cet hélicoptère qui peut s’enorgueillir d’être le fantassin intrépide d’un nouvel ost aérien ?
L’aéronef allait-il enfin devenir un moyen, et non plus une fin, offrant ainsi à la passion de l’aéronautique sa plus noble expression ?
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Et il ne s’agit point pour moi de confondre idéalisme et naïveté.
Aucun système n’est parfait, mais celui qui est animé par un idéal commun dispose d’une puissance que les autres lui envient.
L’idéal à lui seul fait la différence entre une foule et une Armée.
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S’en est suivi un tourbillon d’entretiens, de tests de sélection,
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et me voilà à Dax
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L’uniforme de grand couturier a été remplacé par une combinaison verte.
Les bandes obliques de la dérive par une cocarde, le blanc du fuselage par le kaki de la cellule.
Je ne transporte plus de personnes, je transporte un symbole, écrit en toutes lettres sur la poutre de queue.
J’en éprouve une fierté intense.
De technicien d’un système complexe, je suis devenu acteur d’un monde imparfait.
De comptable, je suis devenu responsable.
D’outil, je suis devenu Homme.
J’ai quitté l’isolement atroce de l’utopie, pour retrouver le monde des vivants.
J’ai toujours été seul, jusqu’à ce que je rentre dans l’Armée.
J’ai été accueilli comme un des vôtres.
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Le jour même où mon camion de déménagement arrivait, 20 collègues l’ont déchargé.
Et pourtant, on ne se connaissait pas.
Alors que j’arrivais au milieu d’un stage déjà en cours,
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L’encadrement m’a accordé sa confiance.
Et pourtant, on ne se connaissait pas.
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Les vols ont débuté, et j’ai ressenti de la sincérité, du soutien, de la camaraderie au sens le plus noble de ce terme.
Et pourtant, on ne se connaissait pas.
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Petit à petit, mois par mois, vous m’avez appris à me servir de l’hélicoptère.
Vous m’avez fait découvrir un vol que je ne soupçonnais pas.
Généreux, vous avez consenti à partager une richesse technique et humaine que je recherchais depuis trop longtemps.
Je vous remercie de m’avoir ainsi accepté, imparfait mais tellement volontaire.
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Ma nouvelle vie me passionne, et me remplit de fierté.
Passion de l’engagement et fierté du symbole.
Passion de l’idéal et fierté de le défendre.
Passion des Hommes et fierté d’en être enfin devenu un.
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SLT Eryk MARGUERITTE
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(sa citation fétiche)
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« Le métier de témoin m’a toujours fait horreur.
Qui suis-je, si je ne participe pas ?
»
(Antoine de Saint-Exupéry)

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